Le 04 mai 2020

La musique répétitive ! Tant de choses ont été écrites sur ce genre musical contemporain, essentiel dans le seconde partie du XXème siècle. Je ne vais pas me risquer à rajouter des explications ou des idées à ce sujet ; ce qui m'importe dans cet article, c'est de parler du piano, uniquement du piano dans la musique répétitive des fondateurs : Philipp Glass, Terry Rilery et Steve Reich. Ces trois musiciens, amis à leurs débuts, tous nés dans les années 30, sans aujourd'hui tous en vie, à la date de rédaction de cet article. Le New-yorkais Steve Reich est de loin le plus actif. On peut le voir régulièrement dans des concerts ou des conférences, à travers le monde mais si sa dernière composition date de 2010. En outre, il laisse volontiers la baguette à des chef.fe.s plus jeunes.

Il est vrai qu'il y a de quoi perdre quelques litres d'eau à diriger une musique pièce de musique répétitive. Pour le piano, la question ne se pose pas. Vous allez entendre parler de trois pièces (ou groupe de pièces très différentes) mais qui peuvent toutes être rangées dans la catégorie de la musique répétitive.

Steve Reich

Piano Phase

Piano phase, de 1967, la seule musique de Steve Reich écrite exclusivement pour piano. Le compositeur utilise très souvent le piano dans des oeuvres pour petit orchestre ; il prend alors souvent le rôle d'un instrument de percussion (comme un xylophone). La partition ci-dessus n'est pas un extrait ; il s'agit de la totalité de la partition. Etonnant ?

Le principe : Deux pianos sont lancés en même temps, avec les mêmes notes MAIS, pas au même tempo. Ils se lancent avec un tempo très proche, mais pour tout à fait le même. Alors que se passe-t-il ? Des choses vraiment étonnantes et qui méritent d'être écoutées au moins une fois, par curiosité même si l'ensemble dure plus de 20 minutes ! Au bout d'une minute, déjà, les premières impressions commencent à arriver (ce sont les miennes, les vôtres seront peut-être différentes) : l'impression que la musique ralentit, ce qui est tout à fait inexact.

Puis, une impression de réverbération, puis de réverbération un peu trop poussée, puis quelque chose de tout à fait nouveau apparaît : de nouvelles lignes mélodiques se créent, sans arrêt renouvellées, toujours différentes, un peu comme lorsque l'on sonne trois cloches en même temps, en l'église, pendant plusieurs minutes (j'aime beaucoup cela, personnellement, surtout si je n'ai rien d'autre à faire qu'écouter) : tous les rythmes possibles et imaginables seront alors entendus. C'est encore plus imposant avec quatre ou cinq cloches.

A mi-morceau, une impression curieuse. Les deux pianos sont à l'opposé l'un de l'autre au niveau mélodique. Plus tard, enfin, les pianos ne rejoignent.

Voici une illustration visuelle de ce principe :

Quinze pendules sont lâchés simultanément, avec la même vitesse préalable mais leur taille varie, ce que fera varier leur vitesse dans le temps. Des très bons motifs se créent, donnant l'impression que les boules dansent.


Et une chorégraphie réalisée sur cette musique :


Terry Riley

On doit au compositeur américain, deux études pour piano, du nom de Keyboard Studies, en anglais, datées de 1964 et 1965.

Le principe est un peu différent de celui de la pièce précédente, car nous n'avons ici qu'un seul piano. Et pourtant, vous pourrez entendre des effets proches. En effet, Riley part d'un motif mélodique, par vraiment un thème, de quelques notes, répétées plusieurs fois, de façons lancinante, sans émotion, mécaniquement, puis des choses commencent à se passer : à la main gauche comme à la main droite, des notes sont ajoutées, on parle alors d'augmentation, puis le motif en appelle un second, les notes se déplacent, d'autres augmentations sont proposées. Il n'y a plus qu'à jouer avec tout ceci, comme Bach pouvait le faire avec un fugato.


Philipp Glass

Le compositeur de Einstein on the Beach a composé en 1981 une pièce de nom de Mad Rush, que l'on entend (en partie) dans le film The Truman show. En outre, Philipp Glass a collaboré à la création de la musique de nombreux films. Il a raison, c'est de loin ce qui est le plus rémunérateur, bien au delà des concerts de musique de chambre de Steve Reich ! Le voici lui-même au piano, récemment :


On peut entendre une pièce nettement plus facile d'accès que les précédentes. Il y a bien un motif, que l'on peut cette fois qualifier de thème, autant rythmique que mélodique, qui sera varié, surtout harmoniquement et rythmiquement. L'ensemble est joli pour l'oreille mais si nous n'avons pas ici un manifeste de musique répétitive, dans le sens où cette musique n'entre pas dans la musique "savante".
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